Ray Bradbury (les autres romans)

Ray Bradbury est unanimement connu pour son Fahrenheit 451, mais il a écrit beaucoup d’autres livres, que l’on classe généralement sous le sigle de la science-fiction, mais il est pour moi un auteur à part, qui a créé son propre genre.


Now and Forever réunit deux courts romans, Somewhere a Band is Playing et Leviathan ’99. Deux récits étranges et d’une rare beauté.

Dans Somewhere a Band is Playing, un jeune journaliste qui aspire à devenir écrivain se retrouve malgré lui dans un village perdu dans le désert de l’Arizona, qui ne figure sur aucune carte. Il y rencontre des personnages attachants mais mystérieux, y vit des moments merveilleux mais inexplicables et découvre petit à petit les secrets de ce lieu qui l’enchante. C’est un récit qui parle de toutes les belles choses de la vie, des choses souvent simples comme le va-et-vient d’une balançoire ou le parfum du pain chaud sorti du four. C’est aussi un récit sur la vie et la mort, sur l’éphémère et sur l’éternel. En fait, il est très difficile d’en parler, car il ne ressemble à rien d’autre. Ray Bradbury fait jaillir, sous sa plume poétique et épurée, un monde onirique et une histoire qui a la substance des rêves. C’est un voyage unique dans lequel il nous entraîne, un voyage qui va aux portes mêmes de ce que notre raison a pour habitude d’appeler « normal ».

Leviathan ’99 est une ré-écriture de Mobydick d’Herman Melville. Dans cette version, un capitaine de vaisseau spatial est obsédé par la recherche d’une comète géante, une quête dans laquelle il emmène tout son équipage à travers l’espace intergalactique. On est de nouveau dans un univers étrange, mais par la magie de son écriture, si simple, si évocatrice, Ray Bradbury fait surgir des étincelles de beauté qui laissent le souffle coupé. C’est exactement comme lire de la poésie : une ligne, un mot, et on est transporté.

Ray Bradbury fait deux choses tout à la fois : il déconcerte le lecteur et il lui réchauffe le cœur avec ce qui lui est familier comme des souvenirs d’enfance. Le lire reste une expérience dont on peut difficilement parler. Je ne peux que vous conseiller de le lire, car son œuvre est un véritable trésors qui recèle des merveilles inattendues à chaque page.

Je rajoute ce livre dans ma PàL tout de suite
Les deux romans m'intéresse, et puis comme je n'ai lu que le fameux Fahrenheit 451, il est franchement temps que je me mette à lire d'autres livres de cet auteur

Dans le cadre du challenge des saisons pour l'automne, j'ai lu The October Country, un recueil de nouvelles placées sous le signe de l'étrange.


Je suis une grande admiratrice de la prose poétique de Ray Bradbury, et une fois encore, je n'ai pas été déçue Il a l'art incroyable d'utiliser les mots avec une innovation déconcertante : les métaphores inattendues mais qui parlent d'elles-mêmes donnent à son langage une qualité évocatrice tout en simplicité et en économie. En choisissant ses mots précautionneusement, avec soin et attention, leur précision suffit à faire surgir une certaines atmosphère, une certaine émotion. Il semble parvenir à contenir des infinis de beauté, de mystère ou d'émotions dans de simples phrases.

Quelques exemples :

Citation :

"The sea was a burning sheet of tinsel and glass"

"I was only twelve. But I knew how much I loved her. It was that love that comes before all significance of body and morals. It was that love that was no more bad than wind and sea and sand lying side by side forever. It was made of all the warm long days together at the beach, and the humming quiet days of droning education at the school. All the long Autumn days of the years past when I carried her books home from school."

"All of the hot-dog stands were boarded up with strips of golden planking, sealing in all the mustard, onion, meat odors of the long, joyful summer. It was like nailing summer into a series of coffins."

Et cette prose si particulière est en harmonie parfaite avec les sujets de ses nouvelles. La langue surprenante, voire déconcertante par moments, est un emballage qui colle en tous points avec ses histoires bizarres, inquiétantes et mystérieuses. On entre dans un univers digne d'un Tim Burton. Pour ne citer que quelques unes des nouvelles : dans Skeleton, un homme prend conscience de son propre squelette et en devient progressivement effrayé, dans The Small Assassin, une mère qui vient d'accoucher est persuadée que son bébé veut la tuer, dans The Lake, un homme revisite un lac où enfant une de ses amies s'est noyée, et ma préférée, The Homecoming raconte une fête d'Halloween dans une famille particulière : tous ses membres sont fantastiques d'une manière ou d'une autre, sauf le jeune Thimoty, qui ne trouve pas sa place, lui qui n'aime pas le sang, ne vole pas et ne vivra sans doute pas des centaines d'années...

Ce recueil est juste la lecture automnale parfaite, qui enchante par la beauté de sa forme et intrigue par son contenu.

Je rajoute également ce recueil de nouvelles à ma PàL

Citation :

et ma préférée, The Homecoming raconte une fête d'Halloween dans une famille particulière : tous ses membres sont fantastiques d'une manière ou d'une autre, sauf le jeune Thimoty, qui ne trouve pas sa place, lui qui n'aime pas le sang, ne vole pas et ne vivra sans doute pas des centaines d'années...

Cette nouvelle me semble très intéressante, j'ai hâte de la lire

J'ai lu Chroniques martiennes et je ne m'attendais pas à aimer autant ce livre


C'est un recueil de nouvelles de science-fiction publiée pour la 1ere fois en 1950.
En raison de la date de publication, pas de planète rouge, d'absences d'oxygène etc.. mais une vision résolument personnelle de l'auteur.

Citation :

Chaque nouvelle, à laquelle est associée une date, raconte une histoire qui s'intègre à une histoire globale que l'on lit comme un roman.
Chroniques martiennes conte l'histoire des premiers colons Terriens vers la planète Mars. La très ancienne civilisation martienne, sur le déclin, finit par disparaître devant l'arrivée massive des humains. À cause d'une guerre qui se déclare sur leur planète d'origine, les Terriens repartent et abandonnent Mars, à l'exception d'une poignée d'entre eux.

(source Wikipedia)

Ce recueil est très intéressant car on suit d'abord les premières expéditions Terriennes sur Mars, qui finissent presque toutes très mal, pour ensuite voir la colonisation de Mars qui n'a plus d'habitants (la varicelle les ayant tous décimés).
Certaines nouvelles sont déroutantes et remarquables, notamment celles où l'on voit tous les Noirs d'un État américain (non cité mais clairement du Sud) partir vers Mars, abandonnant leurs employeurs Blancs au bord de l'apoplexie de perdre des employés corvéables à merci. Ce recueil est glaçant et très juste.
D'autres sont assez comiques, comme l'expédition Terrienne qui finit dans un asile car les martiens les prennent pour des fous.
Plus intéressantes, on voit aussi Mars désertés suite à une fuite des habitants Terriens pour retourner sur leur planète natale, mais où subsistent certains récalcitrants.

Un recueil de nouvelles qui a très bien vieilli, je le recommande