Le Chagrin des vivants d'Anna Hope

L'intrigue se déroule sur 5 jours, du 7 au 11 novembre 1920. Alors que le corps d'un soldat britannique non identifié mort durant la Première Guerre Mondiale est rapatrié en Angleterre pour être inhumé à Westminster lors des commémorations de l'armistice, nous suivons la vie de trois femmes pendant ces quelques jours. La première est Ada : son fils unique a disparu pendant cette guerre, elle n'arrive pas à faire son deuil et voit son fantôme partout. La deuxième est Evelyn : son fiancé est lui aussi mort au combat et son frère, Ed, est distant avec elle depuis son retour de l'armée. Enfin, Hettie travaille dans un salon de danse et passe ses soirées à danser avec des vétérans alors que son frère n'est plus le même depuis qu'il a combattu en France...


Le Chagrin des vivants est le premier roman d'Anna Hope : il a reçu d'excellentes critiques dans la presse et est souvent mis en avant dans les vitrines des librairies. Cela faisait un petit moment que j'avais envie de lire ce roman, attirée par ces bonnes impressions mais aussi car le sujet m'intéressait. Je me joins volontiers aux éloges car j'ai adoré Le Chagrin des vivants : déjà, le fait que l'intrigue se passe en Angleterre permet d'en apprendre plus sur la vision qu'ont les Anglais contemporains du conflit sur cet événement, la manière dont ils l'ont vécu, dont ils ont traité leurs vétérans... C'est un aspect qui m'a plu. On sent que l'auteur s'est beaucoup documenté pour écrire ce roman, et elle mentionne d'ailleurs ses principales sources en fin de volume (pour l'anecdote, elle cite Testament of youth de Vera Brittain comme l'un des livres qui l'a le plus aidée pour comprendre la vision que les femmes ont de la Première Guerre Mondiale et comment elle ont vécu cette période).
D'autre part, j'ai beaucoup aimé l'écriture d'Anna Hope et son intrigue : on suit successivement le point de vue des trois héroïnes, c'est assez déstabilisant au départ mais on s'habitue très vite. L'histoire d'Ada m'a particulièrement touchée mais celle d'Evelyn m'a plu également car elle permet d'évoquer le travail des femmes dans les usines d'armement pendant cette guerre. Le récit est empreint d'émotions et aborde de façon juste la difficulté de se reconstruire et de faire son deuil de la perte d'un être cher lors d'une guerre, mais aussi la difficulté pour les vétérans à oublier les horreurs qu'ils ont vu ou fait et apprendre à vivre à nouveau normalement.

Vous l'aurez donc compris : Le Chagrin des vivants est un très beau roman, que je vous conseille volontiers.

Merci pour cette belle présentation, Sandie ! Je me laisserai sans doute tenter par ce titre qui me fait de l'œil depuis des mois

Merci Sandie pour cette présentation.
Je ne connais pas ce livre mais ce que tu en dis me donne très envie de le découvrir

Je suis ravie de vous avoir tenté les filles

Merci pour le sujet Sandie, je le lirais sûrement

Merci pour ta présentation sandie. Ma mère a adoré ce roman!

Je viens de le terminer, et c'est un livre tout simplement magnifique. A lire, je pense, sans hésitation!
Un gros coup de coeur pour moi, même s'il reste très bouleversant.

Je l'ai lu le mois dernier et je rejoins les avis positifs.
C'est très bien écrit, on s'attache aux personnages, à ces trois femmes, 3 vies.
C'est beau, pas de patos, c'est juste émouvant.
Des passages sont superbes. Celui dans la cuisine bouleversant.

Une superbe roman, indispensable pour avoir une autre vision de cette période.

Miss Woodhouse a écrit:

Je l'ai lu le mois dernier et je rejoins les avis positifs.
C'est très bien écrit, on s'attache aux personnages, à ces trois femmes, 3 vies.
C'est beau, pas de patos, c'est juste émouvant.
Des passages sont superbes. Celui dans la cuisine bouleversant.

Une superbe roman, indispensable pour avoir une autre vision de cette période.

Je suis d'accord, indispensable pour avoir une autre vision de cette période.

Le passage dans la cuisine est effectivement bouleversant. Le passage où Rowan raconte l'histoire de Michael à Evelyn m'a laissé sans souffle.

Je suis contente de lire d'autres avis positifs sur ce superbe roman

Je viens de terminer ce roman et j'en ressors aussi bouleversée que vous. J'avoue avoir eu du mal à entrer dedans au départ. L'alternance des voix, entrecoupée du récit du soldat inconnu m'a un peu déroutée au départ. Toutefois les récits prennent corps peu à peu et finissent par se recouper. J'ai aussi eu une préférence pour les destins d'Evelyn et Ada. Le passage cité plus haut est en effet incroyablement puissant. Tous les éléments se recoupent enfin et la croisée des destins se fait sur un récit oh combien cruel et triste. C'est un récit magnifique sur le deuil, individuel, mais aussi celui d'une nation. Je ne m'étais jamais interrogé sur la présence du soldat inconnu et notamment tout ce qu'il symbolisait. Ce roman montre combien ce soldat a cristallisé le chagrin de ceux qui ont perdu un être cher à la guerre, et notamment ceux qui n'ont jamais eu une tombe sur laquelle se recueillir (mais pas que). J'ai été particulièrement touchée par le couple Ada et Jack et la prise de conscience qu'elle a grâce à la femme qui pratique les sciences occultes. Alors que l'on se dit que celle-ci va probablement la faire sombrer dans le souvenir de son fils, en réalité elle la pousse vers la vie.

Le roman sort en poche le 7 septembre.

C'est une très bonne nouvelle! Merci Miss Virginia pour l'info. Depuis le temps que j'aimerais le lire!

Le visuel :

Il me tente beaucoup mais je me suis lancée le défi zero achat avant septembre.

Je viens de terminer ce roman qui est bouleversant. La thématique est intéressante car rarement abordée en littérature. Comment continuer à vivre, se reconstruire après une guerre ? J'aime les histoires avec des points de vue multiples. L'écriture est belle et sensible sans tomber dans le pathos. Une lecture qui vaut vraiment le coup.

J’aime la couverture de ce livre : elle m’a sans doute attirée quand je l’ai acheté et après lecture, je la trouve particulièrement bien choisie.

Un portrait de femme, chapeau couleur aubergine et robe de satin couleur bronze dont les reflets apportent de la lumière à l’image : couleurs qui mêlent le deuil – ou plutôt le demi-deuil, quand il s’st écoulé une période de quelques mois après le décès d’un proche – et la lumière, l’espoir, la renaissance. Le visage est coupé, on ne voit que la joue et l’ovale du menton, on devine des lèvres qui ne sourient pas, le cou et le décolleté sont gracieux. Une image qui évoque évidemment les trois femmes que met en scène Anna Hope, Ada, Evelyn et Hettie, trois femmes qui portent à des degrés divers l’insupportable deuil lié à la Grande Guerre, trois femmes qui ne peuvent vivre pleinement. Si de nombreux (jeunes) hommes sot revenus amputés physiquement et psychiquement, elles le sont, affectivement. Personne – ou si peu – ne peut leur raconter comment sont morts ou blessés leurs fils, fiancé, frère. Le chagrin les enferme d’autant plus qu’il n’y a pas de corps à honorer et que beaucoup veulent effacer les traces encore bien palpables de la guerre. Les funérailles du Soldat inconnu, enterré à Westminster Abbey le 11 novembre 1920, permettra aux Britanniques d’exorciser en quelque sorte ce chagrin inexprimable.

Anna Hope construit son récit sur cinq jours, du 7 au 11 novembre 1920, dessinant par petites touches impressionnistes l’histoire d’Ada, Evelyn et Hettie. Tandis que les autorités déploient la cérémonie du Soldat inconnu, suivie depuis les falaises de Douvres jusqu’au coeur de Londres par des milliers d’Anglais, c’est la parole, balbutiante, timide d’abord, la colère aussi, qui libère peu à peu ces trois femmes du silence étouffant. Le chagrin prend alors une autre couleur, la vie peut renaître, comme le dit le titre original du roman Wake, à l’image de cette femme enceinte dans le cortège des anonymes qui suivent le cercueil du Soldat inconnu. Mais on ne peut s’empêcher de penser que vingt ans plus tard, cette génération qui prend le relais de la vie sera à nouveau emportée dans le tourment de la guerre.

Oui, cette couverture de livre est particulièrement belle. Ce roman est beau et douloureux. Merci, Anna Hope (et merci à la traductrice Elodie Leplat).

« Pourquoi ne peut-il pas passer à autre chose ?
Pas seulement lui. Tous autant qu’ils sont. Tous les anciens soldats qui font la manche dans la rue, une planche accrochée autour du cou. Tous vous rappellent un événement que vous voudriez oublier. Ça a suffisamment duré. Elle a grandi sous cette ombre pareille à une grande chose tapie qui lessive la vie de toute couleur et toute joie.
D’un coup de pied, elle balance sa robe dans un coin de la pièce.
La guerre est terminée, pourquoi ne peuvent-ils donc pas tous passer à autre chose, bon sang ? » (p. 101)

« Elle n’ira pas. Elle le déteste de toute façon, ce jour de l’Armistice, cette nouvelle tradition qui dégouline déjà de vénération grasse : une nouvelle opportunité pour ceux qui ont du sang sur les mains de jouer à se déguiser dans leur costume de meurtriers et de traîner derrière eux leurs chevaux et leurs affûts de canon en paradant dans les rues de Londres. Comme s’il n’y avait pas d’autres moyens de rendre hommage aux morts. »

« Et pourtant maintenant elle l’a entendue, maintenant elle sait que quelque part dans cette ville, en amont du fleuve, se trouve son frère, cet homme qui a ordonné à Rowan de fusiller son ami. Maintenant que cette vérité est en elle, partie intégrante d’elle, elle n’est pas dure comme du diamant et étincelante comme devrait l’être la vérité, mais nébuleuse, givrée de peur, de sueur, d’obscurité et de crasse. Elle ne contient pas d’élévation, pas de réponses, pas d’espoir. » (p. 323)

« …Et quoi qu’on puisse en penser ou en dire, l’Angleterre n’a pas gagné cette guerre. Et l’Allemagne ne l’aurait pas gagnée non plus.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– C’est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours. »
Il trace un cercle en l’air avec sa cigarette : c’est comme s’il dessinait l’ensemble des guerres, si innombrables soient-elles, l’ensemble des guerres passées et l’ensemble des guerres à venir.
« C’est la guerre qui gagne, répète-t-il amèrement, et celui qui ne partage pas cet avis est un imbécile. » (p. 345)

Tu remontes de jolis sujets, tout me fait envie ! Voilà un titre que j'ai depuis longtemps dans ma wishlist…

bookish love a écrit:

Tu remontes de jolis sujets, tout me fait envie ! Voilà un titre que j'ai depuis longtemps dans ma wishlist…

Il faut bien que je fasse un peu baisser ma PAL ;-) Je ne peux que te conseiller ce roman ! Je me suis déjà acheté La salle de bal qui est déjà en poche. Il paraît qu'il est très bien aussi.

J'ai moi aussi aimé ce roman ,suivre l'évolution de ces trois femmes . Un peu triste pour Hettie qui attend ......... mais qui reste sur le bord du chemin .

ce roman m'a par instant évoqué : un long dimanche de fiançailles ,que je vais sans doute revisionner .