Docteur Glas-Hjalmar Söderberg

Connaissant très peu la littérature suédoise classique, j'ai découvert ce court mais intense petit roman au détour d'une recherche sur le thème de la vengeance. Le roman, se présentant sous la forme du journal intime écrit pendant quatre mois par le docteur Glas (juin, juillet, août et septembre) est, comme je l'ai dit, très court mais d'une intensité narrative évidente. Ne parlant pas suédois, je suis tombée sous le charme de la traduction que je trouve fort poétique, très travaillée, belle alors que l'histoire contée ... ne l'est pas du tout! Le personnage du docteur, un vieux garçon d'une trentaine d'années qui n'a jamais connu l'amour, ni aucune femme, apparaît d'emblée comme  antipathique: il est froid, semble porter un masque et est impitoyable envers les jeunes femmes qui sollicitent son aide lorsqu'elles se retrouvent enceintes. Il mène une vie terne, entrecoupée des visites de ses patients et des discussions autour d'un verre en compagnie d'un ami journaliste jusqu'au jour où la nouvelle femme du pasteur, un homme honorable d'âge mûr, le supplie de lui venir en aide: elle ne supporte plus de devoir remplir ses devoirs conjugaux et demande à ce que le médecin lui trouve une quelconque maladie afin de lui éviter cette épreuve.

Glas, tombé immédiatement sous le charme de la jeune femme accepte. Il convoque le pasteur et lui apprend que sa femme est souffrante et qu'il va devoir cesser de l'importuner pendant trois semaines. Ce qui semble être qu'au départ, une mascarade digne d'une comédie devient un jeu de plus en plus trouble entre ces trois personnages: Glas se prend peu à peu d'une haine farouche pour le pasteur et d'un amour de plus en plus violent pour la jeune femme qui a une liaison avec un jeune notable de la ville. En l'espace de quelques mois, le docteur froid et insensible tente de conserver les apparences tout en se livrant sur sa passion dans son journal ....

Ce roman est devenu un de mes coups de coeur: l'écriture est belle et intense, passionnée et fiévreuse, à l'image du personnage du docteur qui s'enfonce de plus en plus dans sa passion, en oubliant son devoir de médecin. Le personnage de la femme du pasteur nous intrigue et à l'instar du narrateur, on se demande si la demoiselle est consciente ou pas de la passion du médecin pour elle et elle demeure très mystérieuse jusqu'aux dernières pages du roman.

Enfin, le roman s'interroge, sur une question encore très actuelle, le rôle de la femme dans la société, notamment en tant que mère et épouse ...

Je ne connais ce roman que de vu mais ce que tu en dis donne envie. Je le note dans mon carnet !