Marguerite de Xavier Giannoli, avec Catherine Frot

J'ai vu Marguerite et j'ai beaucoup aimé. Je trouve que ce film a été réalisé comme un opéra, sur un mode tragi-comique. C'est finalement assez sombre, mais c'est un beau portrait de femme qui pose la question de la limite entre folie et normalité.
La reconstitution historique est très réussie, et Catherine Frot est encore une fois excellente dans ce rôle de femme qui se leurre pour échapper à la solitude.
Sans compter que c'est un superbe hommage à l'opéra.

Je me suis permise d'ouvrir un topic à partir de ton message car je pense que ce film devrait intéresser quelques membres de ce forum

Je l'ai vu aussi et je n'ai pas grand chose à ajouter à ce que tu as écrit. Comme je le disais dans un autre sujet, je ne m'attendais pas à un film aussi sombre mais c'est finalement une bonne chose car il reflète très bien le malaise dans lequel est plongé le personnage de Marguerite, qui se fourvoie complètement certes, mais qui est aussi entourée de menteurs et d'hypocrites.
J'ai trouvé la mise en scène extrêmement soignée. Certains critiques l'ont comparée à du Ophuls, c'est sans doute un peu exagéré mais il me semble quand même qu'on y retrouve une finesse dans la réalisation assez semblable, et les mêmes jeux de cadrages avec les miroirs, les intérieurs etc. Les costumes et les décors sont resplendissants. Comme quoi, les français sont capables de livrer de beaux films en costumes quand ils le veulent !
Le film a aussi quelque chose d'inquiétant et d'étrange, avec le personnage de Marguerite évidemment car elle se transforme presque en "monstre de scène" mais aussi avec la petite troupe d'artistes qui l'entoure ou encore toute l'ambiance feutrée dans laquelle les personnages évoluent.
J'ai hâte de découvrir le film de Frears maintenant mais j'ai presque peur qu'il soit un peu lisse comparé à celui-ci

Tu as bien fait Emjy!!

En effet, je crains aussi que le film de Frears ne fasse pâle figure à côté de celui-ci. L'avantage, c'est qu'on aura une autre vision de l'histoire, mais je pense qu'elle sera moins originale.

Il y a vraiment des images qui restent en tête, comme les plumes qui brûlent...

J'ai vu la bande-annonce au cinéma et cela m'a énormément donné envie de découvrir ce film ! J'espère le voir prochainement, d'autant plus que j'ai lu quelques articles sur Florence Foster Jenkins (la personne qui a inspiré ce film) et cela m'a encore plus attiré ! Je suis aussi curieuse de voir le film de Frears, même s'il me semble que le ton est moins dramatique.

Je connaissais l'histoire de la vraie Marguerite qui s'appelait Florence Foster Jenkins, j'avais vu une pièce au théâtre du Ranelagh qui lui était consacrée (c'est d'ailleurs elle qui a inspiré Hergé pour la Castafiore). Je n'étais pas étonnée qu'un film soit réalisé autour d'elle car c'est une vrai personnage de fiction, un personnage hors du commun. Et quoi de mieux que Catherine Frot pour incarner cette femme innocente, passionnée par la musique et bernée par son entourage ? Elle est le principal intérêt du film, le spectateur a immédiatement de l'empathie pour ce personnage qui va forcément se brûler les ailes. Certes la reconstitution est splendide, les costumes sont parfaits. Mais je n'ai pas bien compris l'intérêt de l'histoire d'amour entre le journaliste et la jeune chanteuse, ça n'apporte pas grand chose au film. Je chipote un peu car j'ai passé un très bon moment en compagnie de Marguerite.

Contente que tu aies aimé aussi, Titine. La prestation de Catherine Frot est assez exceptionnelle, j'imagine que sa prestation lui vaudra une nomination aux Césars.

Citation :

Mais je n'ai pas bien compris l'intérêt de l'histoire d'amour entre le journaliste et la jeune chanteuse, ça n'apporte pas grand chose au film.

Je suis tout à fait d'accord sur ce point, surtout que c'est sur ces 2 personnages que s'ouvre le film. Ils ne sont pas inintéressants mais à mon avis complètement sous-employés. Difficile de trouver l'intérêt de leur petite idylle dans l'histoire de Marguerite.

J'ai vu le film et beaucoup aimé : c'est très drôle mais en même temps très cruel comme histoire, la complexité des personnages est assez intéressante (chacun a sa part d'ombre et de responsabilité, aussi bien le mari que le majordome ou les "amis" de Marguerite). C'est assez tragique de voir comment la vie de cette femme est brisée par l'hypocrisie et le manque de courage de ses proches, ils ne voient pas sa détresse mais n'hésitent absolument pas à profiter de la situation pour se faire de l'argent.
Je trouve que le film a une très belle esthétique : certains plans et décors sont vraiment superbes et très soignés, à l'image de la pièce surchargée de rideaux, de babioles et de miroirs où Marguerite rêve de ses talents de cantatrice. D'autres (surtout ceux où apparaissent le maître à chanter et sa clique) ont presque un côté burtonien : on a une dominante de noir et blanc, des vêtements assez extravagants et des personnages avec un physique assez atypique.
Les acteurs m'ont tous plu, surtout Catherine Frot, excellente et qui rend le personnage de Marguerite très attachant. J'ai bien aimé aussi le personnage du mari et du majordome (pour leur complexité) ainsi que le jeune couple : pour moi, ces derniers servent à souligner l'absurdité de la situation surtout à travers la jeune Hazel (elle qui a une chanteuse de talent a beaucoup de mal à percer et à attirer l'attention des journalistes, alors que Marguerite qui n'est qu'une imposture attire tous les regards). Il me semble aussi que ce sont eux les premiers à ressentir des scrupules à "exploiter" Marguerite et à vouloir mettre fin au mensonge...

Oui comme la plupart (tous?) les films de Giannoli, pour moi le thème est le mensonge. Mensonge bien intentionné ou intéressé, peur du ridicule, peur de faire de la peine, flatterie pour obtenir qq chose... il y a tjs une bonne raison pour mentir à Marguerite, l'amoureuse, la malheureuse et la très seule Marguerite. Mais elle-même souhaite-t-elle la vérité?
Un très beau et très triste film, baroque et cruel à souhait et magistralement interprété par Catherine Frot mais aussi par d'impeccables seconds rôles.