La Vie rêvée de Rachel Waring de Stephen Benatar

La Vie rêvée de Rachel Waring (Wish her safe at home) de l'écrivain anglais Stephen Benatar vient d'être publié, pour la première fois en français, chez Le Tripode (un éditeur à surveiller).



J'ai eu l'occasion de feuilleter l'édition française et elle est belle et soignée.

Citation :

Rachel Waring est folle de joie. De manière inattendue, une grand-tante lui lègue un hôtel particulier à Bristol. Sans plus réfléchir, elle décide de laisser derrière elle son ancienne vie. C’en est fini du travail d’employée de bureau, de sa pauvre garde-robe et de sa colocataire qui fume comme un pompier et jure comme un charretier. Elle va mener une vie entièrement consacrée aux plaisirs, à la beauté, l’art et l’amour. Installée dans ses nouveaux quartiers, Rachel se paie un jardinier, se met à l’écriture, et impressionne tout le monde par son optimisme. Mais alors que le temps s’écoule au rythme de vieilles chansons qu’elle fredonne et des amours qu’elle se choisit, son entourage commence à s’interroger sur l’étrangeté de son comportement.

Un roman on ne peut plus original et surprenant, qu’il est difficile d’oublier.
— DORIS LESSING

Le meilleur livre que j’ai découvert depuis longtemps.
— ALAN SILLITOE

Rachel est l’une des grandes figures de la littérature anglaise. Elle est tout à la fois Scarlett O’Hara, Blanche DuBois, Blanche-Neige et Miss Havisham.
— THE TIMES LITERARY SUPPLEMENT

Le roman a été réédité en 2010 par le prestigieux New York Review of Books. Il a été publié pour la première fois en 1982. L'auteur, lui, est né en 1937.

Citation :

This wonderful tale of eccentricity follows the transformation of dreary office worker Rachel Waring when she inherits a luxorious Georgian mansion. As her hold on reality gradually loosens the neighbours are left questioning her sanity. (Daily Express)

Let's hope this reissue cements its reputation. (Glasgow Herald)

A disturbing book that stays in your mind. (Daily Mail)

Joyously, seductively, ominously swept up…until the last chapter. (Gloucestershire Echo)

Pour l'anedote, c'est aussi un des romans préférés d'Emma Thompson :

Citation :

I truly loved this book… such a marvellous work…

Je l'ai repéré il y a un moment mais je vais profiter de sa sortie française (quasi inespérée pour moi !) pour prendre enfin le temps de le découvrir.
Et vous, avez-vous entendu parler de ce roman ?

Tiens, je ne connaissais pas mais ça donne envie ! Je note. (Par contre les titres en "La vie rêvée de/ les vies rêvées de..." m'agacent un peu. )

Je ne connaissais pas non plus, mais ça à l'air très bien !

Je note, même si effectivement, le titre n'est pas très original et surtout n'a rien à voir avec celui d'origine...

Je rajoute ce livre à ma PàL, il a l'air très intéressant

WithinMyDreamingSide a écrit :

Citation :

(Par contre les titres en "La vie rêvée de/ les vies rêvées de..." m'agacent un peu. )

Shelbylee a écrit:

Je note, même si effectivement, le titre n'est pas très original et surtout n'a rien à voir avec celui d'origine...

C'est vrai qu'il n'est pas original mais à la lecture du synopsis, je me dis que pour une fois le titre est justifié et pas capilotracté

Si vous en avez l'occasion, je vous conseille d'aller jeter un œil au bouquin en librairie. C'est vraiment un bel objet

Ça a l'air super!

  je compte bien le lire, également.

Emjy, je confirme ton ressenti, la couverture est originale, et j'ai commencé à lire le premier chapitre ce soir chez mon libraire, la traduction m'a semblé très fluide, avec des notes de la traductrice plutôt pertinente, il fait partie de ma liste à lire et d'achats pour cette rentrée littéraire.

Contente de te voir tenter aussi, Constance  On peut difficilement passer à côté de ce roman en librairie, il attire tout de suite le regard, surtout quand on aime la littérature anglaise

Le Tripode est apparemment un tout petit éditeur, je ne le connaissais pas du tout.

Merci pour cette présentation Emjy! Ce roman a l'air très intéressant.

Cela semble très intéressant!

Effectivement, ça a l'air d'être un bel objet. Curieusement, ça me fait un peu penser à Angel d'Elizabeth Taylor...

J'ai commencé à lire ce roman et j'étais très étonnée, il m' a fallu lire la postface pour comprendre un peu mieux le personnage de Rachel, le décalage des situations me laissait perplexe.

Rachel m'échappait complètement, je reste intriguée par la suite.

Je me rends compte que j'ai complètement oublié de poster mon avis sur ce roman que j'ai lu il y a quelques semaines. C'est un ouvrage insolite, remarquablement écrit et qui regorge de références culturelles mais aussi extrêmement déconcertant. Je ne regrette pas de l'avoir lu, ne serait-ce que pour le style de Benatar et le portrait saisissant de son héroïne fantasque mais je ne peux pas dire avoir été vraiment séduite. En fait, j'ai trouvé l'héroïne un peu irritante et ce n'est pas forcément facile d'assister à sa plongée dans la folie ... Ce livre m'a fait un peu penser à Laura Willowes de Sylvia Townsend Warner, le fantastique en moins.

J'ai lu ce roman récemment et il m'a plu, sans doute parce qu'il m'a pas mal bousculée plus que séduite. Je n'avais pas vraiment lu la quatrième de couverture, juste survolée, de fait j'ai été vraiment surprise de la façon dont évolue le récit. J'ai trouvé sympathique d'avoir une héroïne d'une cinquantaine d'années, plutôt commune, on pourrait même dire vieille fille puisque c'est le cas. Rachel vivait en colocation avec une autre femme, exerçait un métier où elle était assez peu considérée et passait les années sans vivre beaucoup de changements ou de fantaisies. Et voilà qu'elle reçoit un héritage de sa grande tante et décide de déménager à Bristol dans la maison qu'on lui a légué et d'abandonner son travail! Plutôt farfelu pour quelqu'un dont le quotidien était fait de tracas sans intérêts et qui menait une vie extrêmement monotone et solitaire. La voilà qui dépense sans compter pour redécorer la maison, pour se faire une nouvelle garde-robe et qui décide de mener une vie plus positive. Rachel, en outre, se passionne pour l'histoire de la maison qu'elle occupe et notamment pour son constructeur. Elle se lance alors dans des recherches et dans l'écriture d'un roman. Au début tout ceci peut sembler plutôt fantaisiste et on se dit que cette femme qui a eu une enfance et une vie plutôt austère mérite un peu de piment dans sa vie. Ce pourrait être juste une passade. Et puis Rachel dépense sans compter et on commence à s'inquiéter, surtout quand on se rend compte que des habitants du coin pourraient s'intéresser uniquement à son argent... Et ce qui pourrait être l'histoire d'une femme inoffensive et un peu naïve qui se fait dépasser par les événements devient inquiétant. Rachel n'est pas naïve, elle sombre peu à peu dans la folie. La façon dont l'auteur Stephen Benatar nous embarque dans la vie de Rachel nous la rend assez vite sympathique, bien qu'extravagante. Et puis peu à peu cela devient gênant car le lecteur comprend que quelque chose d'autre cloche... L'histoire devient alors assez dérangeante car nous continuons à suivre le récit depuis le point de vue de Rachel, et l'on distingue bien le fossé qui existe entre ce qu'elle raconte et ce que les faits réels sont. J'ai bien accroché à cette histoire. J'ai par ailleurs eu beaucoup d'empathie pour cette enfant puis la jeune fille qu'elle a été. Lorsqu'elle raconte notamment son premier amour avec un garçon qu'elle a sans doute surestimé et la façon dont sa mère l'a éloigné... Ce passage et le fait qu'on sache qu'ensuite elle n'aura plus d'autre amour est très triste.

Ce roman de Stephen Benatar a été publié pour la première fois en Grande-Bretagne en 1982, il a été en lice pour le Booker Prize mais a fait peur aux membres du jury (John Carey explique pourquoi en postface). Réédité en 2007, il a été traduit en français pour paraître à la Rentrée littéraire de 2014. Et c’est tant mieux pour les lecteurs francophones !

Les 340 pages se dévorent, animées par la voix de la narratrice, Rachel Waring, qui vient donc d’hériter d’une belle maison à Bristol, une maison qui va devenir un personnage à part entière car c’est là que Rachel aime à se sentir, à se réfugier face aux difficultés de la vie et des relations avec les autres. (D’ailleurs le titre anglais est très parlant : Wish her safe at home.) Très vite, on comprend que Rachel a été une enfant et une jeune femme timide, pour le moins inadaptée et qu’elle se réfugie dans son imagination, dans les vieilles chansons et comédies musicales qui lui mettent le sourire aux lèvres et du baume au coeur. A partir du moment où elle décide de garder la maison léguée par une grand-tante qui a fini sénile, Rachel elle-même bascule peu à peu dans la folie. D’abord une folie douce, charmante même, qui en réalité la sécurise face à ce monde extérieur si angoissant, si peu réceptif à son penchant naturel pour la bonté ! Mais les choses vont évoluer sous les yeux médusés du lecteur car les rêves et l’imaginaire de miss Waring ne reculent devant aucune limite.

Le coup de génie de ce roman, c’est que c’est Rachel elle-même qui raconte son histoire et que l’on devine plus ou moins ce qui se passe, comment elle réagit, ce qu’elle a vécu enfant et jeune adulte, comment elle se réfugie dans son monde. Et bien sûr, le lecteur ne peut que se poser des questions et interpréter les événements, les rencontres vécus par Rachel : sa mère était-elle réellement si sévère ? Tony a-t-il profité de sa naïveté ou était-il vraiment naturel ? Et qu’en est-il de l’honnêteté du jardinier et de son épouse ? Quelques interrogations parmi d’autres diaboliquement semées par l’auteur qui nous tend, à travers le personnage de son héroïne, un miroir dans lequel nous pouvons reconnaître nos propres petits arrangements avec la réalité et qui pourront mettre certains lecteurs mal à l’aise.

Pour ma part, j’ai dévoré le tout, tantôt faisant totalement confiance à Rachel, tantôt réfléchissant à la véracité d’un autre point de vue que le sien et me laissant absorber par son évolution pimentée de traits grinçants. J’ai donc passé un très bon moment de lecture et j’espère que d’autres romans de Stephen Benatar seront traduits en français !

Un livre que je ne connaissais pas et sur lequel je suis tombée dans une bouquinerie totalement par hasard. J'ai déjà lu une bonne série de pages et je dois dire que je suis très intriguée, j'aime beaucoup le fait que la maison joue un rôle important et le petit grain de folie qui anime les personnages. Je lis cependant ici que la protagoniste principale va peu à peu sombrer dans la folie, j'avoue que je ne l'avais pas envisagé de prime abord, j'espère que ça ne va pas me démoraliser

EDIT : j'ai terminé ma lecture, finalement, je ne trouve pas que la maison de Rachel joue un rôle si marquant, en soi elle en a un, mais pour autant, elle n'a pas tant de caractère que cela. J'ai trouvé l'écriture très coulante et agréable, mais des fois, je n'étais pas certaine de tout bien comprendre, ça m'avait l'air un peu confus tout comme l'ensemble de l'histoire au final. J'hésite à garder ce livre dans ma bibliothèque. C'était intéressant, pas ennuyeux, mais pas à lire deux fois (voir plus) à mon avis