Hyperion de Dan Simmons : un livre très poétique

It was during the battle of Agincourt that Fedmahn Kassad encountered the woman he would spend the rest of his life seeking (…) she came to him on the second day of Gettysburg and again à Borodino...
Ce sont des passages comme celui-ci qui m’ont fait aimer Hyperion.

Le Cantos d’hyperion est l’œuvre de science-fiction la plus connue de Dan Simmons.
Elle comprend Hyperion, la chute d’Hypérion , Endymion et l’éveil d’Endymion.
Je me propose de présenter ici Hyperion, en sachant que j’ouvrirais un topic différent pour sa suite.

Nous sommes au XXVIIIème siècle, l’humanité est dispersée sur plusieurs planètes et est dirigée par l’Hégémonie, représentée par la présidente Meina Gladstone.
Une groupe d’humain, les Ousters (extros en VF) qui s’est toujours tenu à l’écart de l’Hégémonie montre des signes d’agressivité, et certains craignent qu’ils ne s’attaquent à la planète Hyperion, planète peu peuplée, mais qui abrite sur son sol les « time tombs » et surtout le Shrike (Gritche en VF), créature de métal, mystérieuse et dangereuse, dont certains lui vouent un culte absolu. Des pèlerins ont été choisis au fil des années pour se rendre sur cette planète, très peu en sont revenu vivant.
Hyperion s’ouvre sur une requête qui ressemble à un ordre : Le Consul de l’Hégémonie se voit demandé par Meina Gladstone de faire partie d’un groupe de sept pèlerins qui va se rendre à Hyperion. L’issue d’un tel voyage ne lui échappe pas : c’est un voyage probablement sans retour. Une légende court sur de tels pèlerinages : une seule personne  peut en sortir vivant et faire un souhait au Shrike, les autres mourront.

L’intérêt d’Hyperion repose sur le voyage et non l’arrivée aux Time tombs protégé par le Shrike.
Pour  s’occuper lors du voyage, mais surtout pour se munir de toutes les informations utiles lors de leur rencontre avec le Shrike, les septs personnes choisies pour se rendre sur Hyperion décident de se raconter leur vie, ou du moins la raison pour laquelle ils ont acceptés de se rendre sur Hyperion.
Car on le comprend très rapidement, tous les personnages ont une raison bien précise de faire le voyage.

- Le père Lenar Hoyt, représentant de la religion catholique presque complétement éteinte dans l’Hégémonie, est du voyage à cause de son amitié pour le prête Paul Duré, un ami qu’il admirait.Celui-ci décida de s’exiler sur Hyperion pour se consacrer à une petite secte vénérant le Shrike. Le récit de Hoyt se mélange avec le journal de Duré qui raconte sa vie au sein de cette secte si étrange et dangereuse.
- Le colonel Fedmahn Kassad , militaire à la retraite, connus de tous comme « le boucher de Bressia » est le second à raconter sa vie. Et il raconte une histoire d’amour, celle qui l’unit avec une jeune femme mystérieuse qui parle rarement, et qu’il rencontre au cours de séances d'entraînement militaire dans les simulateurs à imagerie virtuelle. Cela lui permet d’être à Azincourt,Gettysburg et à d’autres grandes batailles afin d’apprendre les techniques guerrières. Sauf que la jeune femme dont il est follement épris, et qu’il ne rencontre que dans ses simulations, n’est pas forcément ce qu’il croit.
- Martin Silenus, écrivain et poète connu (et alcoolique au dernier degré) est le seul de tous à être né sur l’Ancienne Terre. Il raconte à la fois sa vie privilégiés dans ce monde qui était sur le point de s’éteindre et son arrivée sur une planète de l’Hégémonie. Il a vécu à Hyperion et le shrike est pour lui une muse.
- Sol Weintraub est un universitaire qui a eu une vie tranquille. Il fait partie du voyage et a amené avec lui un nourrisson, sa fille. Son récit, le plus poignant, concerne sa fille qui a contracté sur Hyperion, en étant archéologue, une maladie inconnue, la maladie de Merlin.
- Brawne Lamia, seule femme du pèlerinage, est une détective, fille d’un sénateur décédé mystérieusement, et qui va sur Hyperion pour continuer une enquête pour meurtre. Son récit est, comme celui de Kassad, celui d’une histoire d’amour entre elle-même et un Cybrid, un homme qui a été  créé par une intelligence artificielle, avec une partie de la mémoire et de la personnalité d’un homme ayant vécu : le poète John Keats.
- Het Masteen, templier et pilote du vaisseau qui les amène à Hyperion fait partie du pèlerinage.
- Pour finir, le consul lui-même raconte sa vie, et surtout celle de ses grands-parents qui appartenait à deux mondes /planètes différentes.

Ce roman de science-fiction est passionnant. Dans Hyperion, on apprend à connaître les personnages et on en apprend au fur et à mesure de plus en plus sur l’Hégémonie, ce monde constitué de planètes, dont le voyage entre-elles entraine un déficit temporel.
Et puis surtout, Hyperion est un livre furieusement poétique, marqué par la vie et les poèmes de John Keats (1795-1821).
Hyperion et Endymion sont  des poèmes de John Keats. La capitale d’Hyperion s’appelle Keats. Brawne Lamia fait référence  à la fois à Fanny Brawne, muse et grand amour de John Keats et à Lamia, poème de Keats.
Le cybrid ayant la mémoire de keats s’appelle également John Keats etc...

Je sais que ma présentation a été longue, mais ce livre mérite d’être lu. Je remercie Belstaff, Pickwick et Zahlya pour m’en avoir parlé.
Et vous, connaissez-vous ce livre ? (attention aux spoilers concernant les livres suivants).

Merci pour cette présentation   

Je voulais le lire mais l'édition Hypérion en un seul volume était épuisée et je croyais que Le cantos d'Hypérion était la suite....et non pas le redécoupage du tome 1 et des suivants ! Donc merci pour l'info.
Je vais donc pouvoir m'y mettre. La référence à Keats m'enthousiasme !

Je ne connaissais pas avant d'en entendre parler dans le topic sur Dune. Ta présentation me donne encore plus envie de découvrir cette saga.

Shelbylee a écrit:

Je vais donc pouvoir m'y mettre. La référence à Keats m'enthousiasme !

Je ne m'y attendais pas du tout. J'avais fait le rapprochement entre Fanny Brawne et Brawne Lamia, mais il y a d'innombrables références à sa vie et à son oeuvre dans le livre.
C'est très surprenant pour un roman de science fiction.

@Caelan

Citation :

Je ne connaissais pas avant d'en entendre parler dans le topic sur Dune.

C'est la même chose pour moi, je ne connaissais pas du tout avant d'en entendre parler sur ce topic.

Je ne me rappelais plus du tout de ces détails ... Le truc vraiment très marquant est aussi la méchante bête du roman que l'on voit en couverture de l'édition en anglais : le Gritch.

Mais bon, Hypérion, ce n'est que la moitié du livre, et donc du plaisir.

Si je me souviens bien, dans Endymion (légèrement en dessous d'Hypérion), la référence est plus sur l'architecte américain Frank Lloyd Wright (l'un rares détails qui m'ait marqué, vu que je fais le même boulot) me semble-t-il.

Y a juste un truc qui me déçoit un peu dans cette oeuvre de science-fiction (et dans d'autres comme Star Trek, la série), ce sont les références au XXe ou au XIXe siècle, alors que ça se passe bien souvent beaucoup plus tard (25e, 30e siècle) comme si rien ne s'était passé pendant une dizaine de siècles ...

Ce roman est complètement fou. On est dans de la pure SF et pourtant la littérature classique a une portée énorme (la référence à Keats qui devient même un personnage à part entière). On sent que Simmons est allé lire de la théologie, de la philo et qu'il a fait entrer toute cela dans le maelstrom qui donnera naissance à Hyperion.

C'est vraiment très bien écrit et l'ambiance est fantastique. Je me rappelle m'être complètement perdu dans les récits de chacun de protagonistes qui sont fascinants et excessivement variés, toujours avec l'ombre du Gritch qui hante l'avenir.

La suite est grandiose et à l'avenant (même si le premier volume avec cette suite de récits dans un vaisseau en route pour la mort est indépassable).

Je relis très peu de romans mais je sais que celui là je le relirais un jour.

Pickwick a écrit:

C'est vraiment très bien écrit et l'ambiance est fantastique. Je me rappelle m'être complètement perdu dans les récits de chacun de protagonistes qui sont fascinants et excessivement variés, toujours avec l'ombre du Gritch qui hante l'avenir.

La suite est grandiose et à l'avenant (même si le premier volume avec cette suite de récits dans un vaisseau en route pour la mort est indépassable).

J'aime beaucoup les récits des sept personnages choisis pour aller sur Hyperion et rencontrer le Shrike.
Les récits sont très différents, deux histoires d'amour, un amour paternel, un désir de justice, la panne d'inspiration, la ferveur religieuse etc...
Je ne m'attendais pas à cela en commençant Hyperion
Les très nombreuses références à John Keats sont superbes.

Je lis en ce moment The fall of hyperion, j'ouvre un topic dès que je l'ai fini.  

Il est prévu un intégral du Cantos d'Hypérion chez Pocket, ca serait dommage de passer à côté!

Je note !

Pour ma part dernièrement j'ai lu l'intégrale de L'échiquier du mal de cet auteur, qui était franchement assez dérangeant à lire. Les descriptions des camps nazis au début sont à faire froid dans le dos, le "Talent" des "méchants" (faute d'un meilleur mot) et surtout l'usage qu'ils en font est franchement glauque. Et par-dessus, on sent une bonne pointe de racisme dans l'écriture. Autant ça peut se comprendre quand il prend le point de vue d'une des protagonistes qui est une vieille dame du Sud, autant dans les descriptions lambda ça me gêne...
Ceci étant je n'ai pas lâché le bouquin (plus de 1000 pages quand même) d'un bout à l'autre

J'ai enfin lu Hypérion ! C'est vraiment un OVNI dans la littérature SF, j'ai vraiment apprécié cette lecture, ces récits tous différents (et pour certains franchement dérangeants). Par contre je m'attendais à une fin moins ouverte, va falloir que je me procure la suite rapidement

@Zahlya

Citation :

j'ai vraiment apprécié cette lecture, ces récits tous différents (et pour certains franchement dérangeants).

Je suis d'accord avec toi, certains récits mon plus intéressés que d'autres. Ce concept de récit pendant le voyage m'a beaucoup plu.
As-tu un récit ou un personnage préféré?

Citation :

Par contre je m'attendais à une fin moins ouverte, va falloir que je me procure la suite rapidement

Personnellement, j'ai préféré la suite, ce qui est suffisamment rare à noter, les suites ne sont généralement pas aussi bonnes que les premiers livres.
J'espère que tu auras l'occasion de la lire et de l'aimer.

@Diana : le récit qui m'a le plus émue, c'est celui du père de Rachel,

Spoiler:

. Je n'arrive pas à apprécier le poète, et le récit du père Hoyt m'a horrifiée

@Zahlya
C'est la même chose pour moi, le récit du père de Rachel avec la lente compréhension de l'impact de la maladie de Merlin sur elle est fascinant et très émouvant.
On se rend compte des sacrifices qu'il fait pour sa fille tant aimée.
J'aime beaucoup le récit du colonel Fedmahn Kassad.

Citation :

Je n'arrive pas à apprécier le poète, et le récit du père Hoyt m'a horrifiée

Je suis dans le même cas, le poète m'ennuie (pour être polie   ) au plus haut point, le récit du père est glaçant.