Cette version propose une vision très différente du film réalisé à peu près à la même période par Miramax, avec Gwyneth Paltrow dans le rôle principal et le beau Jeremy Northam dans le rôle de Mr Knightley.
L'adaptation hollywoodienne - qui, sans être un chef d'oeuvre, est très plaisante à regarder - a un côté rose bonbon acidulé ; cela transparaît à travers le jeu de couleurs utilisées, et la luminosité qui se dégage de l'ensemble. Cette version se veut légère et humoristique, quitte à estomper les aspects plus graves ou plus sérieux du roman.
La version de 1996, elle, aborde les choses de manière très différente.
Elle a de fait une dimension beaucoup plus réaliste, visuellement et scénaristiquement, dans la mesure où les différences qui existent entre les différentes classes sociales sont davantage montrées : alors qu'ils sont le plus souvent invisibles dans les romans de Jane Austen, les serviteurs sont ici bien présents, que ce soit dans la scène du pique-nique, où on les voit transporter, non sans peine, les victuailles.
L'épisode du vol des poules, qui ouvre et clôt intelligemment ce téléfilm, montre bien que tandis que certains vivent dans de belles propriétés, beaucoup d'autres crèvent de faim, et en sont réduits à ce genre d'expédient pour survivre.
La vie à la campagne est représentée de manière beaucoup moins idyllique, et le rôle de Robert Martin, le soupirant d'Harriet, est très bien mis en valeur par l'acteur qui l'incarne.
J'aime beaucoup le jeu de
Kate Beckinsale dans cette version : elle porte le téléfilm sur ses épaules de bout en bout, et sa fraîcheur fait merveille.
Dans le rôle de Jane Fairfax,
Olivia Williams, offre un jeu subtil et tout en profondeur *: elle a réussi à me faire apprécier un personnage que je n'avais jamais bien compris et apprécié.
* Là-dessus, Shelbylee, on n'est pas d'accord, mais je reconnais être extrêmement partiale dès qu'il s'agit de cette actrice.

Pendant tout le télefilm, je me suis amusée à rechercher si parmi les seconds rôles, je ne reconnaissais pas des acteurs que j'avais déjà vu jouer dans d'autres adaptations. John Knightley, le frère de Mr Knightley et le beau frère d'Emma, est ici joué par Guy Henry, le Mr Collins de
Lost in Austen !
J'ai beaucoup apprécié
Samantha Bond dans le rôle de Mrs Weston, l'ancienne gouvernante de d'Emma.
On reconnaît
Lucy Robinson dans le rôle de l'insupportable de Mrs Elton, qui a également joué le rôle de la soeur de Miss Bingley dans
Orgueil et Préjugés 1995.
Et enfin, une capture d'écran d'une scène que j'aime beaucoup à cause de la couleur vert amande du fichu d'Emma.

Sinon, j'ai trouvé que l'acteur qui jouait Frank Churchill faisait bien ressortir toutes les dimensions de ce personnage, extrêmement séduisant, content de lui-même et inconséquent.
Quant à
Mark Strong, il n'est pas aussi séduisant que Jeremy Northam, mais au fond, ce n'est pas contraire au livre. L'acteur joue un personnage qui s'emporte très facilement, voire très violemment. J'ai mis cela sur le compte de sa passion pour Emma, mais je pense qu'il aurait fallu combiner cela avec une scène où sa tendresse pour Emma soit plus marquée. Ceci dit, dans la scène de la demande en mariage, il est très bien, je trouve.
Je note enfin que quelque soit l'adaptation, le personnage d'Harriet Smith, qui dans le roman est censée être plus jolie qu'Emma, à défaut d'être aussi intelligente et cultivée, sert constamment de faire-valoir à l'héroïne dans les adaptations filmées, comme si les différents réalisateurs avaient peur qu'elle éclipse Emma : c'est un peu dommage.