Thomas Middleton (1580-1627)Femmes, méfiez-vous des femmes, pièce publiée en 1612.
Un classique de la Renaissance, en Angleterre, utilisant les poncifs du genre avec une pièce se passant à Florence, en Italie, et mettant en scène les dérives et tragédies de l’amour.
En gros, plusieurs intrigues s’enroulent.
La première est celle de Bianca, une Vénitienne éprise de Léantio. Elle est riche et il l’a enlevée en secret.
Belle et mariée, elle doit se contenter d’un confort limité car Léantio n’est que courtier.
Mais un jour que Léantio part travailler, le duc de la ville passe et la voit à la fenêtre. Foudroyé d’amour, il l’approche, se l’approprie et achète Léantio en lui accordant une sinécure.
Fou de rage, Léantio subit son sort et accepte quand même l’amour de la riche Livia, l’entremetteuse qui a permis au duc d’acheter Bianca, tombant ainsi de Charybde en Scylla.
Enfin, un troisième binôme tient en haleine le spectateur : Isabella et son frère. Incestueusement amoureux, Isabella accepte de se marier pour sauver les apparences, avec un autre homme, un benêt dont l’aveuglement est bien utile pour mener une vie parallèle.
Bien sûr, la vérité jaillira au milieu des intrigues de cour et des courtisans interlopes générant un dénouement dramatique.
Middleton fustige beaucoup de vices humains : la luxure, l’infidélité, la vanité, le mensonge, etc…
Mais ce livre est surtout un hymne à l’entêtement féminin, qui tire les ficelles des rapports humains en y apportant ruse, hypocrisie et évidemment plaisirs coupables.
On ne peut s’empêcher de penser à Molière pour le rythme admirable de la pièce. Pour la fluidité et l’esprit des dialogues.
«
Ah, donnez-moi une fille dont l’unique talent soit l’art de ne coucher qu’avec son seul mari, une femme n’a pas besoin d’en apprendre plus » s’écrie un des personnages.
Mais il y aussi un fort écho shakespearien car l’œuvre reste malgré tout une tragédie. Tous les héros meurent en fin de parcours : par poison et épée.
C’est le tour de force étonnant de cette pièce : partir d’un thème sur le libertinage qui pourrait être léger (et est souvent drôle dans les réparties) pour finir en apothéose sur les dangers et les douleurs qu’il engendre : la mort.
J’ai beaucoup aimé cette réflexion sur l’amour et son pouvoir néfaste, surtout quand il est savamment manipulé par ces esprits retors que sont les femmes.