Mon nom est Rouge Que dire sur ce superbe conte oriental, qui constitue aussi une incursion dans le monde magique des miniaturistes, à une époque de questionnement sur la finalité de l'image : doit-elle imiter la réalité ou rendre ce que Dieu inspire ?
En toile de fond, l'opposition Occident / Orient, à la période Renaissante, quand les Européens, toujours préoccupés d'individualisme, signent déjà les oeuvres et portraiturent les puissants, tandis que les fidèles musulmans dessinent des archétypes, reflets d'idées divines.
S'ajoute l'art du conteur : Pamuk nous suggère une énigme policière. Au nom de la tradition, en effet, deux miniaturistes sont assassinés, par quelque membre de leur corporation, mais qui ?
Les personnages parlent successivement, et racontent des histoires... Des histoires d'art, de poésie, de sultans sanguinaires et esthètes...
Vous êtes envoûtés et finissez par ne plus dormir, avant de SAVOIR. Pamuk nous tient éveillé par une écriture dynamique, qui évoque plus le pinceau de couleurs que la plume noire.
Il est aussi rusé que ses héros, qui nous baratinent en souriant, noient le poisson dans des profusions d'ors, de fioritures, de rinceaux...
On fréquente des maîtres enlumineurs, des apprentis et des menteurs...
On traîne dans les cafés et les ateliers, où la parole coule comme un torrent...
A lire quand on aime la peinture, la réflexion sur la créativité... et la sensualité d'un monde chatoyant : l'empire ottoman.