J'ouvre un sujet à un cinéaste auquel je m'intéresse depuis un petit moment : Friedrich Wilhelm
Murnau. Ce metteur en scène allemand est entré dans l'Histoire grâce à des long-métrages considérés encore à ce jour comme des chefs d'oeuvres. Parmi eux, on peut trouver
Nosferatu le vampire en 1922,
Le Dernier des Hommes en 1924, ou encore
Faust, une légende allemande en 1926.
Mais c'est sa période américaine que je connais le mieux et dont je vous parlerai plus largement dans le topic.
Murnau a tôt fait de se faire remarquer aux Etats-Unis, où il est appelé par les Studios de la Fox pour y travailler. Il y livre ce qui reste pour beaucoup sa pièce maîtresse,
L'Aurore. Ce film muet, réalisé en 1927, représente pour bon nombre de grands cinéastes l'apogée du 7ème art, tel que François Truffaut qui n'a pas hésité à dire que c'était le plus beau film du monde pour lui.
Séduit par une jeune femme venue de la ville, un fermier tente de noyer sa femme mais change d'avis au dernier moment. Celle-ci s'enfuie en ville de peur, mais il la suit afin de lui prouver son amour...
J'ai été complètement séduite par l'interprétation des acteurs, la superbe photographie et la musique (qui se fait tour à tour entraînante, gai, inquiètante et entêtante et donc à l'image parfaite du film). Le genre de ce film me semble assez difficile à déterminer. A mon sens, c'est un drame sentimental et un conte. Il joue sur la métaphore (le jour et la nuit, la brune et la blonde
). On comprend assez aisément que
Murnau a surtout voulu mettre en scène une situation-type et des sentiments universels. Le film baigne dans une atmosphère très spéciale. Majoritairement composé de scènes nocturnes, il brille par son soucis esthétique et lyrique. La lumière s'infiltre peu à peu dans l'image, ce qui laisse présager que l'espoir est encore possible dans une situation aussi désespérée que celle-ci.
L'Aurore est un film sur le pardon et l'amour.
Murnau prouve une nouvelle fois que l'image muette laisse autant jaillir de poésie et de sentiments qu'une symphonie.
C'est le 2ème film que j'ai vu avec l'actrice Janet Gaynor (après mon film coup de coeur
L'Heure Suprême ). Et je l'ai trouvée encore une fois tout à fait merveilleuse. Privé de paroles, elle réussit à livrer néanmoins une interprétation toute en sensibilité et sobriété. C'est véritablement impressionnant.
L'Heure Suprême de Borzage garde ma préférence (j'ai eu un tel coup de
pour ce film qu'il était difficile d'imaginer qu'il puisse aussi vite se faire détrôner
) mais
L'Aurore m'a impressionnée et éblouie.
J'ai tout récemment découvert un autre film muet du réalisateur,
City Girl. Considéré comme "mineur" dans l'oeuvre de
Murnau, il n'en reste pas moins un magnifique long métrage. Il vient d'être édité en dvd chez Carlotta Films.
Un jeune paysan, dominé par son père autoritaire, doit se rendre en ville pour vendre du blé, mais revient avec une jeune épouse. Celle-ci voulait fuir l'ambiance de la ville, mais va vite se heurter à la méfiance du patriarche à son égard...
City Girl apparaît sans doute moins ambitieux. J'ai toutefois pris beaucoup de plaisir à le voir.
Le couple vedette a également tourné pour Borzage. Ils ont partagé l'affiche de
La Femme au corbeau (qu'il me reste encore à voir
). Charles Farrell était aussi le sublime Chico de
L'Heure Suprême .
City Girl, qui se révèle nettement plus "américain" dans son esthétique que tous les précédents films de
Murnau, a inspiré nul autre que Terrence Malick. Dans un des suppléments du dvd, John Bailey, cameraman des
Moissons du Ciel, compare d'ailleurs les deux oeuvres du point de vue de leur esthétique et tout particulièrement de leur "éclairage naturaliste".
City Girl est un film qui brille par sa modernité. L'une de mes scènes préférées, dans laquelle on peut voir Lem (Charles Farrell) et Kate (Mary Duncan)s'embrasser et courir dans les champs n'est pas sans rappeler la dynamique du cinéma Nouvelle Vague.
City Girl est indéniablement très en avance sur son temps. Quant aux arrangements musicaux, ils sont encore une fois somptueux.
Le film a connu un accueil mitigé de la part du public, alors plus friand de comédies musicales.
Et vous, avez-vous eu la chance de voir un film de ce cinéaste ?
Sinon, j'espère vous avoir donné envie de découvrir l'une ou l'autre de ses oeuvres !