Lady Hunt - Hélène Frappat

Merci de nous avoir fait partager tes impressions de lecture, Summerday. Je le lirai peut-être si j'en trouve l'occasion. Est-ce que ce roman t'a fait penser à des ouvrages de littérature anglaise en particulier ou c'est plus une impression générale ?

C'est plutôt l'atmosphère générale en effet.

Je le lirai peut-être également.

Merci d'ouvrir un topic à ce roman qui me tente beaucoup. Je crois que la transposition moderne de l'aspect gothique va me pousser à le lire !

Je me suis décidée à lire sur ce roman, bien que refroidie par les avis lus sur les blogs, certains pointaient l'illusion du roman gothique. Finalement, cette lecture m'a plu, sans déception. J'aurai du suivre l'avis initial de Summerday

Au fil de l'intrigue, le personnage de Laura se dévoile par touches, pour déboucher sur ce portrait de sorcière des temps modernes, femme presque fatale, à la chevelure rousse, aux salomés rouges, plûtot sensible, qui se protège des autres par son comportement solitaire et distancié, ou grâce à son chat. Une façon de s'emmurer hors de cette société.
dès le départ on la sent prise dans ce tourment, dans cette spirale de doutes qui l'habitent par rapport à la maladie d'Huntigton, qui lui font perdre la notion des réalités, la crainte de faire le test si présente
ces passages un peu "étranges", proches de phénomènes surnaturels m'ont grandement rappelé le Horla de Maupassant, le coté fantastique est loin d'être "fort, laissant juste le sentiment que le narrateur est sur la corde raide, en évitant la réalité de son état en toute conscience.

L'auteure truffe son récit de références littéraires british, tout en laissant une très grande liberté au lecteur pour les interpréter : elle utilise le poème de la Dame de Schaalott et la chanson de Van Morisson Astral weeks   .
Son écriture est originale et mérite la lecture juste par curiosité, j'ai bien aimé l'atmosphère qui s'en dégage, et pour moi Laura n'a peut être pas l'étoffe d'une "héroïne" de roman gothique, cependant tel ces femmes emmurées "dans de vieux manoirs ou bâtisses" avec leurs tourments amoureux, Laura m'est apparu  elle aussi comme prisonnière de ses angoisses de femme moderne.

A lire par curiosité, j'ai pas mal consulté Wiki durant cette lecture sur pas mal de thèmes, les sorcières de Salem, la maladie de Huntington et la transmission des maladies neurologiques par les gènes, d'ailleurs là aussi l'auteure ne l'écrit pas comme cela dans le roman, cependant elle le traite de manière elliptique avec tous les souvenirs d'enfance relatifs au père, et sa relation avec Elaine sa sœur, il faut faire l'effort d'aller farfouiller sur wiki en parallèle...
et l'aspect vieille maison décrépie qui ont une âme m'a pas mal plu également.

J'ai un avis un peu plus mitigé que vous sur ce roman.

J'ai trouvé l'histoire très belle. L'idée de transformer une maladie héréditaire en malédiction des temps modernes est intelligente. Durant mes études, j'ai eu des cours sur cette maladie et la question du diagnostic. Je suis heureuse de la voir traiter dans un roman, et d'une manière aussi poétique.

J'ai aussi beaucoup aimé les visites d'appartement, et la manière dont elle décrit la personnalité des lieux, leur bienveillance ou leur malveillance. Arthur et le Régisseur sont aussi de très beaux personnages. Dommage que cet aspect là ne soit pas plus traité. On a l'impression que l'auteur a hésité entre deux histoires, celle là et celle de Lady Hunt, et qu'elle a décidé de mêler les deux.

Ceci dit, je trouve que le roman a un certain nombre de facilités qui me l'ont parfois rendu exaspérant :

Spoiler:

Ce genre de détails qui parsèment le livre m'ont parfois fait penser à des téléfilms ou à des romans harlequins et m'ont gâchée la lecture. C'est dommage, parce que le fond du livre est nettement plus ambitieux.

Akina, ton avis mitigé met sacrément en avant les bons cotés du roman   

le petit Arthur et le Régisseur restent trop flou à mon goût également, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur les "liens" que Laura peut tisser avec ces deux personnages et le réconfort ou l'énergie qu'elle y puise au regard de sa situation

Spoiler:

Pour ton spoiler

Spoiler:

je trouve aussi que les auteurs parfois ont des projets très ambitieux, et que la surenchère de références n'a pas servi le récit, cependant je crois bien qu'elle apprécie grandement la littérature British, ça se sent

Helène Frappat, je ne la connais pas plus que cela ... à suivre donc

cependant je reconnais que l'auteure a su me sensibiliser sur l'aspect vieilles maisons qui ont eu une âme et mes lectures récentes sont influencées par cette lecture, nul doute ...

Constance a écrit:

Akina, ton avis mitigé met sacrément en avant les bons cotés du roman   

C'est un roman que je trouve intéressant sur le fond. Mes réserves concernent en revanche des tics d'écriture qui sont présents à toutes les pages ou presque. Ce sont des choses superficielles, mais dieu qu'elles m'ont agacée !

Je suis d'accord avec ton interprétation sur les références codées. Cependant, je les trouve trop faciles, trop évidentes, trop grossières alors que le roman est fondé sur quelque chose de très fin. C'est peut-être parce qu'on connait bien les œuvres anglaises dont Hélène Frappat s'est nourrie et que cela nous saute aux yeux, mais je n'ai quand même pas l'impression que ce sont des références particulièrement ésotérique (je veux dire : l'héroïne à la chevelure de flammes qui couche avec son patron, ça fait plus harlequin que Charlotte Brontë).

Constance a écrit:

je trouve aussi que les auteurs parfois ont des projets très ambitieux, et que la surenchère de références n'a pas servi le récit, cependant je crois bien qu'elle apprécie grandement la littérature British, ça se sent

C'est amusant, mais toutes les critiques que j'ai lues rapprochait le roman de la littérature gothique. Or, je ne trouve pas que cela en soit si proche : il y a un aspect kitsch dans la littérature gothique, un peu surjoué, qui est complètement absent ici. Pour moi, le roman se rapproche plus de la littérature fantastique à la française, des nouvelles de Gauthier, ou des romans de Barbey d'Aurevilly. Est-ce parce que les anglais sont à la mode en ce moment que les éditeurs ont axé leur campagne sur les références anglaises ?

Constance a écrit:

cependant je reconnais que l'auteure a su me sensibiliser sur l'aspect vieilles maisons qui ont eu une âme et mes lectures récentes sont influencées par cette lecture, nul doute ...

Oui, ces passages là sont splendides. Elle a une très belle sensibilité pour les vieilles pierres et ce qu'elles racontent de leur passé. C'est magnifique.

Oui, je suis d'accord le roman est plus dans la veine "fantastique" que gothique, ne pas s'imaginer que l'on va lire un roman des sœurs Bronte

J'ai lu Lady Hunt et au final je crois que j'ai plus accroché à l'atmosphère qu'à l'histoire (bien que cette dernière ait des qualités)...
J'ai mis du temps à rentrer dans ce roman, je trouve que l'auteur nous laisse dans un certain flou : on ne sait pas trop si on est face à un roman fantastique, un drame... et certains éléments de l'intrigue sont assez obscurs et longs à se mettre en place. Comme Akina, certains éléments m'ont un peu agacée (la liaison avec le Patron, notamment). C'est un peu dommage car il y avait des idées très intéressantes, notamment tout ce qui se rapporte à la maladie et à cette crainte de vivre avec une "malédiction".
En revanche, j'ai adoré l'ambiance : la maison mystérieuse est un personnage à elle toute seule et les descriptions très sombres et inquiétantes à son sujet font partie pour moi des meilleurs passages du roman. Les descriptions des appartements visités par l'héroïne sont tout aussi plaisantes et contribuent à la mélancolie et la poésie du roman. Les références à la culture bretonne et à la littérature anglaise (majoritairement Tennyson) m'ont également charmée.

Je partage un peu les avis d'Akina et Sandie. Ce livre m'a plu dans l'ensemble. Mais des détails m'ont gênée. J'aurai aimé que la trame narrative autour d'Arthur soit plus développée. De même en ce qui concerne le Régisseur. Je me suis fait la même réflexion qu'Akina concernant les clichés. Ça m'a légèrement déçue.
Par contre, j'ai beaucoup aimé l'ambiance du roman. L'histoire des maisons avec une âme bienveillante ou non, le mélange du présent et du passé, et surtout la façon dont est traité la maladie m'ont plu.